
Écrivain
et peintre,
Jeanne Champion
est née le
25 juin 1931 dans
le Jura où elle a passé son enfance.
Issue d'un milieu rural, elle a rejoint ses parents
à Paris où elle a exercé divers
métiers avant de s'aventurer dans la peinture
en 1956, puis dans l'écriture en 1961. En juin
2001, elle publiera chez Plon le tome 1 de ses mémoires
en même temps qu'elle exposera à l'Espace
Châtelet Victoria à Paris une soixantaine
de ses oeuvres . Si l'on connaît mieux sa production
littéraire, on connaît moins son travail
pictural qu'elle a longtemps tenu secret. Constamment
insatisfaite,
Jeanne
Champion a détruit la
plupart de ses tableaux. Ceux qui ne l'ont pas été
ont été retravaillés au fil des
quarante dernières années. Aussi ne
doit on pas s'étonner de l'écart des
dates qui figurent au bas de ses oeuvres Il lui reste
aujourd'hui environ 200 toiles datées de 1960
à 2001, une centaine de gouaches, des dessins
qu'elle ne veut pas montrer pour l'instant, quatre
tapisseries.
Abstraite
par goût et par nécessité intérieure,
Jeanne Champion
s'est rapprochée de la figuration pendant une
dizaine d'années, très précisément
entre 1970 et 1980. Un livre édité par
Le Cercle d'Art paraîtra dés le début
de l'automne. Accompagnée par l'écrivain
Yann Quéffelec,
elle y présentera la partie figurative de ses
oeuvres soit une trentaine de pastels secs au contenu
iconoclaste «Le Musée Imaginaire»
et une vingtaine de grands portraits allégoriques
au crayon noir intitulés «Portraits de
la notoriété». Ces
travaux exécutés entre 70 et 80 n'ont
pour la plupart jamais été présentés
au public.
Extraits
de quelques critiques
C'est
un art urgent que celui de Jeanne
Champion : voyant, criant, poignant,
comme tout geste humain dans sa lutte avec le temps.
Abstrait ? Pas plus que les volcans sous marins
aperçus des satellites, ou les incendies
de forêt. Figuratif ? Autant que peut le demeurer
la réalité sous le regard de l'artiste.
Peintre, Jeanne Champion
l'est comme elle est romancière, et comme
elle vit: de toutes ses forces. Avec lnépuisable
volonté d'épuiser la fantastique énergie
dont elle est douée. Plume ou pinceau, elle
cherche querelle à l'oubli; elle allume des
feux à l'épreuve du temps.
Yann
Queffélec
Le cas est unique en notre histoire: nous n'avons
jamais eu, homme ou femme, peintre de premier ordre
qui fût en même temps un écrivain
de premier ordre. C'est un personnage à la
fois déroutant et attachant que Jeanne
Champion. Certaines années,
elle se donne avec conviction on peut dire avec
acharnement à la peinture, et il est peu
d'artistes qui aient autant peint. Certaines années,
au contraire, elle se consacre, avec la même
obstination, à la littérature et en
particulier au roman. Dans les deux disciplines,
ce qui est plus exceptionnel, elle a une originalité
que les spécialistes ne lui contestent point,
ces deux activités ne sont pourtant (pas,
psychiquement parlant, séparées, même
si, dans le passé, il était plus difficile
qu'aujourd'hui de distinguer les obsessions du peintre
des obsessions de l'écrivain ...
Alain
Bosquet
Romancière
des fantasmes poussés au baroque, Jeanne
Champion est une sorcière de
l'écriture, une fascinante affabulatrice qui
s'est plusieurs fois introduites par effraction dans
des personnages historiques, tels Racine, Jeanne la
Folle, mère de Charles Quint . ... Menace et
volupté vont de pair dans cet univers aux couleurs
si tendres, si honnêtes qu'on s'y laisserait
prendre, abusé par un art si soigneux, si soigné.
Mais il suffit de contempler un moment ces fenêtres
ouvertes sur l'étrange pour se sentir à
son tour possédé L'imaginaire vous a
gagné, méfiez vous; cette femme est
dangereuse, et sa peinture ensorcelée. Matthieu
Galey

«Féminin
Masculin», cette alliage si rare de la démarche
artistique s'incarne aujourd'hui dans loeuvre peinte
et littéraire de Jeanne
Champion dont le nom est comme le
symbole de cette singularité. Puissance de
l'expression plastique et de t'écriture jusqu'au
baroque, interprétation réaliste et
fantastique de ses thèmes, richesse des matériaux
du tissu au vêtement, au cuir, aux souliers,
au bois; exploration de l'abstraction au collage,
de la toile peinte à l'installation; imaginaire
débordant qui déphase, interpelle, provoque;
volonté de création devenant une dynamique
inassouvie ... la curiosité de la romancière
alimente la quête du peintre comme le révèleront
ses mémoires. Qui est Ève ? Qui est
Adam ? . Jeanne Champion
a la passion Être. André
Parinaud
Jeanne
Champion travaille dans le registre
tragique, même si elle l'accommode à
la manière bouffonne. Nous le savons depuis
sept romans où se croisent l'obsession, le
cauchemar, la démence. Et nous le savons aussi
autrement, par ce qu'elle est peintre et que son univers
plastique reflète des paroxysmes comparables.
Voici ce que Jean Marie Dunoyer rapportait d'une de
ses dernières expositions ( le Monde du 23
novembre 1977) ... Ici, ce ne sont plus les splendeurs
de Versailles ni les Gisants de Saint Denis ( allusion
aux deux précédents romans de Jeanne
Champion. Dans les «jardins
d'Esther» et «les Gisants» qui lui
servent de tremplin, mais les maîtres indiscutés
de l'art classique ... On commettrait une lourde erreur
en se croyant devant un jeu de massacre. Les dispositions
et autres mauvais traitements infligés aux
tableaux qu'elle aime (..) prenons les comme autant
d'hommages Seulement l'humour (apparent) est vite
dépassé. Et ce sont les cauchemars d'un
monde halluciné qui vous entraînent dans
le monde des grands morts» . Jacqueline
Piatier